Mauritanie: fuir les exactions russes


Mauritania: fleeing russian attrocities


Mauritanie, 2024


En commande pour Action Contre la Faim

Debout à l’ombre d’un arbre, un éleveur regarde l’une de ses vaches mourir, l’air désabusé. A ses côtés, deux autres bêtes se décomposent sous le soleil. Elle, continue de cligner des yeux et meugle doucement, à bout de forces.


« Il n’y a rien à faire, -explique-t-il à Cheick Ould Alkhalifa, technicien spécialisé sécurité alimentaire et moyens d’existence à Action contre la Faim, qui tente de la redresser- de toutes façons je n’ai rien à lui donner à manger et elle n’aura jamais la force d’aller jusqu’à un point d’eau ».


Sur la route qui mène au petit village d’Aghor, la scène se répète indéfiniment. Des ruminants couchés sur le flanc : surtout des vaches, parfois des chameaux. Des ânes, aussi. En cette période de l’année, elles devraient être en train de pâturer sur des terres plus clémentes de l’autre côté de la frontière mais les violences qui continuent de secouer le Mali voisin ont bloqué les éleveurs et leurs troupeaux ici.

Alors que le camp de réfugiés de Mbera était déjà surpeuplé avec plus de 80,000 âmes, la situation sécuritaires s’est brusquement détériorée il y a six mois poussant près de 100,000 maliens vers la Mauritanie. Dans ce petit coin de frontière à angle droit se pressent désormais en dehors du camp avec leurs troupeaux, mettant une pression inédite sur les maigres ressources naturelles dont bénéficiaient leurs villages d’accueil.



Les témoignages ramenés par ces populations composées de réfugiés maliens et de retournés mauritaniens sont effroyables. Beaucoup veulent parler, tenter de mettre des mots sur l’indicible : « ils ont attrapé le doyen de notre village, ils l’ont porté comme un enfant et l’ont écartelé devant tout le monde. On ne sait pas pourquoi », explique l’un d’entre eux.


Avec eux, des milliers de Mauritaniens établis de longue date au Mali ont dû rentrer chez eux, partageant le sort des réfugiés, agglutinés autour des rares points d’eau du secteur et dans l’attente d’une aide humanitaire qui parvient au compte-goutte. Ils attendent, à la merci de multiples maladies qui commencent à sévir : notamment la coqueluche et la rougeole.


La brutalité d’une urgence absolue et vitale, où certain craignent qu’après les bêtes, ce sera au tour des Hommes de mourir dans cette vaste plaine désertique.

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