"Asile"


Trouver refuge au Cameroun


"Asylum"


Finding refuge in Cameroon


Cameroon

2017 - 2022

(Made with UNHCR, the UN refugee agency)

En 2017, j'intégrais le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés au Cameroun, où vivent près de 500,000 réfugiés et demandeurs d'asile venus principalement de République Centrafricaine à l'Est et du Nigéria au Nord du pays.


Pendant cinq ans, j'ai parcouru les régions d'accueil de ces naufragés de la guerre afin de témoigner de l'histoire, du quotidien, des défis et des solutions pour l'avenir de ces populations invisibles.



1ère partie: Les gilets jaunes de Goura



Part 1: The yellow jackets of Goura

Février 2019. La petite ville nigériane de Rann, frontalière du Cameroun, est attaquée par des insurgés de la secte islamiste Boko Haram. 

En un week-end, ce sont plus de 40,000 personnes qui passent la frontière à pieds.

Laissant derrière eux leurs morts, leurs vies et tous leurs biens, ils ont trouvé refuge dans les petits villages de Goura et de Madina

Sur le chemin, certains se sont noyés dans le fleuve El Beid qui marque la frontière. Les autres s'effondrent en arrivant côté camerounais. Perclus de fatigue et traumatisés par les violences

Au milieu d'un désert, dans des conditions climatiques intenables, rien n'est prévu pour leur offrir un abri. Le campement sera de fortune mais qu'importe: personne ne veut retourner au Nigéria. 

"C'est trop, je ne peux plus retourner là bas". A un certain moment de la discussion. Mohamed ne parvient plus à parler. Les mots se tordent dans sa gorge serrée. "J'ai vu, j'ai vu de mes yeux", ne cesse t'il de répéter. 

De ce côté ci de la frontière pourtant, Boko-Haram sévit aussi. Ici, l'armée n'a pas de poste fixe, et dès qu'elle repart, c'est aux 'gilets jaunes' d'assurer la sécurité des habitants. 

Ces membres de comités d'auto défense sont la plupart du temps seuls, armés de leurs arcs et de leurs flèches, face à des insurgés lourdement armés. 

"S'ils peuvent mettre l'armée nigériane en déroute, que pourrons nous faire ?"

2ème partie: le front de l'Est


Part 2: the eastern front

Tout le long de la façade Est du pays, qui marque la frontière avec la République centrafricaine, plus de 350,000 réfugiés centrafricains se sont installés ces dix dernières années, fuyant les violences à répétition dans leur pays. 


Chaque année, selon que la situation s'aggrave ou semble s'améliorer, des milliers d'entre eux passent la frontière dans un sens ou dans l'autre, chargés d'espoir ou de désespoir. 

Janvier 2021, une marée humaine passe de nouveau la frontière. Ce sont comme toujours principalement des femmes, des enfants, des personnes handicapées et vulnérables

A la hâte, il faudra construire de nouveaux abris et faire de la place dans le camp de Gado, où vivent déjà 26,000 personnes dans une grande précarité. 

Mais très vite face à l'insécurité et aux attaques incessantes de serpents, les abris d'urgence seront désertés. Les nouveaux réfugiés iront chercher asile au coeur des communautés d'accueil

Il y a quelques semaines pourtant, le camp de Gado fêtait en grande pompe et dans l'émotion le départ de plusieurs milliers de réfugiés qui avaient fait le choix du retour chez eux. 


Les nouveaux arrivant viennent d'une autre région du pays et aucun des retournés ne font partie du nouvel afflux. Mais ce chassé croisé n'en demeure pas moins emblématique de l'extrême fragilité de la République Centrafricaine 

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