"Un conflit sans fin"

Dans les tranchées vietnamiennes, 40 ans après la guerre de l'Amérique






"An endless conflict" Into the vietnamese trenches, 40 years after the american war. 


 

Vietnam 


2016





(Story made in collaboration with Libération, VnExpress, Mine Advisory Group (MAG), Norwegian People Aid (NPA) and Project Renew)

Ho Van Lai, 26 ans, n'était pas né quand la guerre s'est achevée. Mais celle-ci est pourtant écrite sur son corps. Chaque mutilation raconte toute l'horreur que la guerre à laissé derrière elle. 


C'est à l'âge de 10 ans qu'une bombe non explosée lui a arraché son bras et sa jambe droite, ainsi que son pied et sa main gauche. Il ne lui reste plus qu'un oeil, qui se détériore petit à petit. 


Dans une maison modeste de Gio Linh, Lai vit avec sa mère. 


"J'ai marché sur une bombe qui a explosé alors que je jouais dans le sable avec des amis. Deux sont morts et un seul a survécu", explique t'il simplement. 


C'est ce qui arrive lorsque l'on vit dans une "zone polluée". Personne ne sait vraiment combien de civils ont été blessés ou tués par les UXOs au Vietnam depuis la fin de la guerre, mais les meilleures estimations parlent d'au moins 105.000 victimes, dont 40.000 morts. 


La plupart d'entre elles sont des fermiers, alors que la plupart des combats et des bombardements se sont déroulés dans des zones rurales et des rizières. 



Ho Van Lai, 26, was not even born when the war ended, but he suffered its vicious backlash. It's written all over his body. Every missing part of him tells the cruel story this conflict left behind. At the age of 10, one of those unexploded bombs detonated and ripped off his right arm and leg, as well as his left hand and foot. He has only one eye left, and his one good eye continues to deteriorate as time goes by. Doctors say there is no cure.


In a humble house in Gio Linh Town, Lai lives with his mother.


“I stepped on a bomb and it exploded when I was playing in the sand with three friends. Two of them died and one is still alive,” he simply says.


This is what happens when you live in a “polluted area”, as the NGOs call the region. No one really knows how many people have been injured or killed by UXOs in Vietnam since the war ended, but the best estimates are at least 105,000, including 40,000 deaths.


Most of the victims are poor farmers -- perhaps not surprisingly, since most of the fighting and bombings took place in rural areas and rice paddies: the most common sites of explosions.


Les bombes que l’équipe du Norwegian People’s Aid viennent de faire volontairement exploser ne tueront plus. Mais ici, chacun à encore en mémoire le visage de l'un des leurs, tué par l’une d’elle en mai dernier, alors qu’il tentait de la désamorcer. Son partenaire  a été durement touché par le « Blast ». Ce n’est que récemment qu’il est sorti de l’hôpital, pour retourner sur le champ de bataille.


The bombs that the team of the Norwegian Peoples Aid have just destroyed won’t kill anymore. But here, every body recall the face of their colleague, who has been killed by one of those, while trying to neutralize it. His partner has been harshly hitten by the « blast ». He recently recovered from his injuries, and immediatly decided to go back on the battle field

Quelque part dans un village de la région de Quang Tri, au centre du Vietnam, une détonation sourde et puissante retentit, immédiatement suivie d’une autre, encore plus forte, faisant légèrement trembler le sol. 


Au dessus des cimes des arbres, des flèches de fumée s’élèvent, suivies d’un panache noir au travers duquel se distinguent des étincelles de feu. Ce sont des bombes américaines qui viennent d’exploser, plus de quarante ans après la fin de la guerre.


Les habitants de la région sont habitués à ces détonations qui surgissent au moins deux fois par semaine.


La guerre est finie depuis longtemps mais le combat n’a pas cessé pour les dizaines de démineurs qui luttent chaque jour pour dépolluer la région des millions de bombes, mines, grenades, obus, mortiers et autres munitions non explosées qui continuent de faire des victimes chaque année, sur ce sournois champ de bataille chaud et humide, et qui semble refuser d’oublier la tragédie qui s’y est déroulée entre 1955 et 1975.


20 années d’atrocités que personne ici ne peut oublier : la région de Quang Tri a été la principale ligne de front lors de « la guerre de l’Amérique » comme on l’appelle au Vietnam. 


Son sol marécageux a été labouré des années durant par une pluie de métal encore aujourd’hui pollué sur plus de 80 % de sa surface. 





Somewhere in a village of Quand Tri district, in center Vietnam, a muffled and powerful detonation resound, immediatly followed by an other one, shaking the ground. Upon the top of trees, spatters of smoke look like arrows pointing the sky, followed by a black plume, lighted by thousand of sparks. 


Several american bombs have just exploded, more than fourty years after the end of the war.


Local inhabitants are used to those detonations, that occurs at least two times a week.


War has ended for a long time, but the fight has never end for dozens of mine-clearing experts, struggling every day to decontaminate the region from millions of bombs, landmines, grenades, shells, mortars and other unexploded ammunitions. In this part of the globe. 


Those are still killing every year, on this insidious, hot and humid battle field, that seems to refuse to forget the tragedy that took place between 1955 and 1975.


20 years of attrocities that nobody can forget : the Quang Tru district has been the main front line during the « American war », as we call it here, in Vietnam. Its marshy ground has been plowed for years by a rain of metal and fire, and is still polluted on 80% of its surface. 

Au petit matin, une douzaine de jeunes hommes se tiennent sur le bord de la route du village de Cam Lo. Tous vêtus d'uniformes beiges, ils écoutent leur superviseur, simplement armés de détecteurs de métaux, de bâtons de couleur et de râteaux. 


C'est l'heure du briefing de sécurité, durant lequel chacun doit donner son groupe sanguin et ré-écoute les règles de sécurité sous le regard d'un secouriste. Sur ce champ de bataille, une seule erreur pourrait être fatale. Lentement, le soleil se lève alors que l'équipe marche en colonne, dans le silence, sur le site "pollué". Au loin, quelques explosions brisent le silence: "ce sont probablement les équipes de NPA qui détruisent quelque chose", dit un équipier. 


La zone du jour à déminer couvre quelques kilomètres carrés de rizière. Dans les environs, l'équipe a déjà trouvé un mortier et deux bombes à sous munitions. Ils en trouveront sans doute plus encore aujourd'hui. 


Alors qu'ils marchent, les détecteurs émettent des bruits stridents. Régulièrement, le son se fait plus aigu: "cela peut-être une bombe, ou juste un simple bout de métal".  




In the early morning, a dozen young men and women are standing by the side of the road in Cam Lo Township. All dressed in beige uniforms, they listen to the supervisors, armed only with shovels, ropes, colored stakes and metal detectors.


This is their security briefing, where everybody has to give their blood type and listen to the security rules under the surveillance of a paramedic. On this battlefield, a single mistake could be fatal. Slowly, the sun is rising as the team quietly walks in column to the polluted site. In the distance, explosions break the silence: “That's probably the NPA team destroying something,” a teammate says.


Today’s clearance area covers about several square kilometers of paddle fields in a rural town of Cam Lo, right in the middle of Quang Tri. Around here, the team has already found one mortar and two cluster bombs. No doubt that today, they will find more. As they comb the field, detectors make a rhythmic, high pitched chatter. Regularly, one of them gives a loud squawk: “It may be a bomb, or may be just a piece of shrapnel,” says one of the officers.

Les plus petites munitions que l'équipe vient de trouver sont sans doute les pires de toutes. Elles sont le fruit d'un génie pervers: larguées par avion à l'intérieur de cylindre métalliques qui s'ouvrent à mi course, déversant plus de 600 de ces petites bombes pas plus grosses qu'une balle de baseball. 


Certaines explosent au contact du sol, d'autres non: ces dernières deviennent des mines anti-personnel. 



The smallest one that the team has just found after an hour of searching is among the worst. It takes a kind of perverse ingenuity to design such things: an airplane drops a mother pod, an elongated canister that springs open in midair.


As many as 600 individual mini-bombs, smaller than a baseball, fly out in all directions, blanketing an area the size of three football fields and shredding anything in their path. 


As the unexploded ones rust away in the ground, some become inert, while others become unstable. You never know.

NPA, MAG et les autres ONG présentent dans la région ont détruit plus de 370.000 munitions sur une surface de 5600 hectares à Quang Tri depuis 1998. 


Personne ne sait combien de ces engins de mort polluent encore champs et villages, ni combien de temps il faudra pour remporter cette bataille qui semble sans fin. 



NPA, MAG, and other NGOs have destroyed more than 370,000 UXOs over an area of 5,600 hectares (13,838 acres) in Quang Tri since 1998.


No one knows how many war remnants still lie under this war-torn land, neither how long time will be necessary to win this never ending battle. 

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